Dans mon pays, certains prétendent que le mariage de deux frères avec deux sœurs attire le malheur. J’ai effectivement observé plusieurs cas où deux frères ont épousé deux sœurs que je connaissais, et où l’un des conjoints est décédé ou a été frappé par une grave maladie.
1. Cela relève-t-il de la superstition (tiyara) interdite, d’autant plus que le malheur peut parfois provenir de la femme, comme le suggère un hadith du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) ?
2. Que doit faire celui qui ressent une telle appréhension ?
J’ai demandé en mariage la sœur de l’épouse de mon frère, mais je songe maintenant à annuler les fiançailles par crainte de ce présumé malheur. Pourtant, j’ai accompli la istikhâra (prière de consultation), sans recevoir de signe défavorable.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Sache, ô questionneur, que la crainte que deux frères épousant deux sœurs puisse attirer le malheur relève de la superstition (ṭiyarah), laquelle est formellement rejetée par l’Islam, car elle contredit la confiance du serviteur en Allah. Le Prophète Mohammed () a clairement affirmé :
« La superstition est du polythéisme (shirk). » (Rapporté par Ahmad, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî et Ibn Mâjah ; authentifié par Al-Albânî)
Il a également dit :
« Il n’y a ni contagion (automatique), ni mauvais présage. » (Hadith rapporté par Boukhari et Mouslim)
Le croyant est convaincu du décret et de la prédestination d'Allah, et il sait que la plume a déjà tracé tout ce qui doit arriver jusqu'au Jour de la Résurrection. Il ne convient pas au croyant de laisser sa superstition et son pessimisme l'empêcher d'accomplir ce dont il a besoin. Au contraire, il doit s'en remettre à Allah et placer sa confiance en Lui.
Aucune preuve religieuse ou scientifique ne vient confirmer l’idée que le mariage entre deux frères et deux sœurs entraîne le malheur. Les cas isolés de difficultés conjugales ou de malheurs personnels ne doivent pas être généralisés : ce sont des épreuves qui font partie de la vie et peuvent toucher toute personne, quelle que soit la configuration de son mariage.
À l’inverse, de nombreux exemples montrent que ce type d’union se passe dans la paix et l’harmonie. Ces exemples concrets suffisent à démontrer l’inanité des craintes superstitieuses. Quant au hadith évoquant un malheur possible lié à la femme, il ne doit en aucun cas être détourné pour appuyer des croyances populaires erronées. Les savants expliquent que ce type de parole vise certains comportements ou situations particulières dans le cadre du mariage, et non des liens de parenté entre conjoints. Sortir un texte de son contexte pour nourrir des superstitions est une grave méprise.
Puisque tu as imploré Allah par la prière de consultation (istikharah), poursuis ton projet de mariage si la sœur de l’épouse de votre frère réunit les qualités religieuses et morales requises, critères essentiels dans le choix d’une épouse selon l’Islam. Tu dois rejeter les pensées superstitieuses en te rappelant que seul Allah, exalté soit-Il, détient le pouvoir de décréter ce qui nous atteint ou nous échappe et en plaçant toute ta confiance en Lui, conformément à la parole du Prophète () : « Ce qui t’a manqué ne pouvait te parvenir, et ce qui t’a atteint ne pouvait t’échapper. » (Rapporté par al-Tirmidhî)
En conclusion, votre appréhension est fondée sur une croyance infondée, sans base dans la révélation. L’istikhârah que vous avez accomplie, combinée aux qualités de la personne concernée, devrait vous rassurer. N’accordez aucun crédit aux superstitions populaires et placez votre confiance en Allah, exalté soit-Il. Si cette union est conforme à la religion, ne laissez pas des craintes sans fondement vous en priver.
Et Allah sait mieux.
Vous pouvez rechercher une fatwa à travers de nombreux choix